Les norovirus responsable de gastroenterites au cours des réveillons cet hiver…

Les fêtes de fin d’année ont laissé de mauvais souvenirs chez les consommateurs d’huîtres. Selon le Figaro ‘Depuis trois semaines, une épidémie de «gastro» sévit de plus en plus fortement et vous ou vos proches n’y avez peut-être pas échappé. Rien d’inhabituel, selon les spécialistes. Après tout, des épidémies de gastro-entérite sévissent tous les hivers, et parfois à des niveaux bien plus élevés. «Nous n’avons qu’une faible visibilité sur le nombre de cas car beaucoup de gens ne vont pas chez le médecin. Mais il semble que l’épidémie soit assez forte cette année, avec pas mal de cas d’origine alimentaire», note le Pr Alexis de Rougemont, directeur du Centre National de Référence des virus des gastro-entérites au CHU de Dijon. Les virus de la gastro-entérite se transmettent surtout par contact entre humains, mais certains aliments sont aussi de redoutables vecteurs. Les huîtres sont particulièrement incriminées cette année en raison de la conjonction de facteurs météorologiques et sanitaires. Au grand dam des ostréiculteurs, qui réalisent habituellement la moitié de leur chiffre d’affaires à cette période. Arcachon, le Calvados, la Manche et plus récemment la Vendée… Environ 10% des bassins ostréicoles ont ainsi été frappés d’interdiction de vente en raison d’une contamination par des norovirus, responsables de gastro-entérites’.

Les norovirus, constituent la première cause de gastro-entérite chez l’être humain, enfant comme adulte. La période d’incubation, relativement brève (24 heures en moyenne), laisse place à des épisodes de vomissements et de diarrhées, éventuellement accompagnés de maux de ventre, de nausées et, plus rarement, de fièvre. Ces virus, strictement humains, se transmettent essentiellement par contact inter-humains car ils sont très contagieux. La contamination se fait surtout en portant ses mains à sa bouche après avoir touché des surfaces sur lesquelles se trouve le virus : la lunette des toilettes, les poignées de porte…

Si l’être humain constitue le seul réservoir où les norovirus peuvent se multiplier, ces derniers ont aussi la fâcheuse tendance à se loger dans les huîtres, sujet de recherche dans notre équipe. Il y a plusieurs années, nous avons mis en évidence l’existence de ligands spécifiques dans les huîtres qui permettent aux norovirus de s’y fixer. Ce phénomène est invisible à l’œil nu, car le virus n’entraine aucune pathologie chez l’huître car il ne peut pas s’y multiplier. Rien ne permet donc de déceler la présence du virus à l’œil nu.

Ce virus arrive en zone côtière par les eaux usées humaines non traitées et malheureusement cet hiver, en amont des fêtes, tous les facteurs étaient réunis pour que les huîtres de certaines zones côtières fassent le plein de virus. Comme expliqué au Figaro lors de l’interview «Dès la mi-novembre, il a plu de façon importante. Les sols ont été saturés d’eau et les réseaux d’eau ont été débordés, avec un surplus qui est parti à la mer, proche de zones d’élevage conchylicoles. En parallèle, l’épidémie de gastro avait déjà débuté. La population excrète des virus dans ses selles, virus qui se retrouvent dans le circuit des eaux usées et, in fine, dans la mer»,. 

Les huîtres, élevées à proximité du rivage, se sont alors retrouvées en contact avec de l’eau contaminée par les norovirus. À noter que ces animaux filtrent en moyenne 5 litres d’eau par heure. Si l’eau de mer dilue la concentration en virus, les quantités excrétées par les personnes malades sont énormes : jusqu’à mille milliards de particules virus sont émises quand un malade vomit ou va aux toilettes. Or «il suffit parfois d'ingérer 10 à 100 particules virales pour être infecté», indique le Pr Alexis de Rougemont à la journaliste. D’autres coquillages sont concernés par ce phénomène, mais les huîtres sont responsables de la majorité des cas de toxi-infections alimentaires collectives en France puisqu’elles sont généralement mangées crues. Une personne qui consomme une huître contaminée développera ainsi une «gastro» qu’il pourra ensuite transmettre à son entourage. La boucle est bouclée.

Comme indiqués ci-dessus, ces virus sont particulièrement résistants et les traitements réalisés en station d'épuration diminuent leurs concentrations sans totalement les éliminer. Les épisodes de fortes pluies et les dysfonctionnements des réseaux de collecte majorent le risque de voir se déverser d'importantes quantités de virus dans l'environnement. Or ceux-ci restent infectieux même après des jours, voire des semaines passées dans l’eau de mer, comme démontré par les recherches réalisées au LSEM. L'implication des coquillages dans des épidémies est d’ailleurs décrite depuis plus d'un siècle, conduisant à la mise en place de normes strictes visant à protéger les consommateurs. Ainsi les huîtres doivent être soumises à un traitement de purification après des épisodes de contamination microbiologique. La purification consiste à placer les huîtres plusieurs jours dans un bassin d’eau propre. Ce lavage est efficace pour éliminer les bactéries, mais pas les virus. La présence de virus a ainsi pu être mise en évidence dans l’huître pendant environ un mois. Les norovirus résistent aussi aux méthodes classiques de conservation des aliments (réfrigération et congélation) ainsi qu'à la température (30 minutes à 60 °C). Il faut cuire les aliments à 95° C pendant environ 7 minutes pour s’assurer de leur disparition.

 

Texte adapté de l’article de Cécile Thibert, journaliste Science et Medecine, Le Figaro.

https://sante.lefigaro.fr/social/sante-publique/pourquoi-les-norovirus-ces-virus-de-la-gastro-se-sont-invites-a-table-pendant-les-fetes-20240109