Dominique Hervio-Heath, HDR, Université de Bretagne Occidentale, 23 juin 2014

Ecologie et virulence de vibrions potentiellement pathogènes pour l’homme.

Les changements climatiques globaux ont amplifié les phénomènes de prolifération de Vibrio spp. dans les eaux marines et estuariennes à l’échelle mondiale. Ces phénomènes sont confirmés par des études récentes qui rapportent une augmentation constante des cas d’infections humaines en Europe du Nord depuis le début des années 2000.

Contrairement aux bactéries et virus pathogènes d’origine entérique, la gestion du risque Vibrio spp. est limitée, et les actions possibles à l’heure actuelle sont d’ordre préventif nécessitant soit une meilleure compréhension de l’écologie des vibrions et des comportements de la bactérie en relation avec son environnement, soit l’acquisition de connaissances concernant les mécanismes et les gènes de virulence chez ces micro-organismes. Ces deux approches doivent permettre le développement de nouveaux outils d’évaluation de ce danger sanitaire associé à la consommation des produits de la mer.

Les études présentées sur la thématique Vibrio, menées au sein du laboratoire de microbiologie (Ifremer – RBE/SG2M/LSEM) en collaboration avec différentes équipes de l’Ifremer et des laboratoires de recherche nationaux et internationaux concernent principalement i) la caractérisation génotypique et phénotypique en termes de virulence d’isolats environnementaux de Vibrio parahaemolyticus, ii) des études environnementales destinées à acquérir des données sur l’occurrence et la diversité des populations de Vibrio spp. in situ et à identifier les paramètres environnementaux impliqués dans l’émergence des espèces de Vibrio pathogènes pour l’homme et iii) la mise au point et le développement d’outils moléculaires afin d’identifier les dangers potentiels dus à la présence de vibrions pathogènes pour l’homme en milieu marin.

L’analyse et la caractérisation génotypique de souches environnementales de V. parahaemolyticus ont mis en évidence un polymorphisme dans la distribution des gènes et l’implication potentielle de facteurs autres que les hémolysines thermostables (TDH, Thermostable Direct Hemolysin et TRH, TDH-Related Hemolysin) dans la virulence de ces bactéries. Les études environnementales ont souligné l’importance des suivis du milieu pendant une période plus ou moins longue (plusieurs périodes estivales ou quelques années), et de la connaissance de ce milieu à un état « initial » lors de l’apparition de perturbations ou d’évènements climatiques particuliers et de leur impact sur l’émergence de vibrions pathogènes pour l’homme. Elles ont confirmé la relation positive entre la température de l’eau et l’abondance de Vibrio spp. cultivables à 37°C ; elles ont, en outre, mis en évidence l’influence d’autres facteurs (tels que l’abondance en zooplancton et la concentration en chlorophylle a) sur l’occurrence et la diversité de ces vibrions et des populations cultivables à 22°C dans le milieu marin ou estuarien.

 

Ces études précisent l’intérêt du travail de recherche effectué au laboratoire de microbiologie en termes de santé publique, mais également d’acquisition de connaissances plus fondamentales sur l’écologie des vibrions. Elles soulignent la nécessité d’approfondir les connaissances sur i) la virulence de ces bactéries et ii) l’évolution de la diversité intra-spécifique de vibrons pathogènes pour l’homme et des populations de Vibrio spp. au sein de communautés bactériennes halophiles en relation avec des facteurs environnementaux - deux approches prévues en perspective de ce travail de recherche.